
Si Marseille n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Il faudrait un esprit un peu fou pour ça. Une âme décomplexée, bavarde, pleine de fougue et d’envie.
Il faudrait un artiste avide de bleu, qui n’aime pas beaucoup dormir, qui voit la lumière partout. Un élève d’antan qui faisait fi des « peut mieux faire ».Il faudrait un pinceau gorgé d’eau de mer, accrochant les rochers salés. Un chevalet un peu usé qui a roulé sa bosse. Une toile chinée quelque part, dans un port de Méditerranée. Des couleurs à n’en plus finir, une palette rebelle et fière.
Il faudrait, pour créer cette ville, prendre le parti de l’aimer envers et contre tout, peu importe les saisons, les accrochages, les rêves qui s’écrasent parfois comme des vagues.
Il faudrait la porter comme on porte un enfant, en somme.
Il faudrait, en bonne mère, s’imaginer lui glisser des mots doux, l’étreindre souvent, puis la voir s’épanouir pleinement jusqu’à ce que, qui sait, ce soit un jour elle qui vous porte.