J’veux pas rentrer. Chaque année c’est pareil. Quand vient la fin de l’été, comme dirait Voulzy, j’ai des angoisses de dimanche soir. En même temps, comparé à la faim dans le monde, les morts du Covid, ou le retour des Talibans, y’a pire comme souci. Certes. Mais que voulez-vous, ça fait quelques semaines que je feuillette plus la presse people que les les pages du Monde, alors mes problèmes existentiels se sont adaptés eux aussi.

Je voudrais que ça dure encore. Mais soyons sérieux, ça n’aurait pas le même goût à la longue. Sans les semaines qui viennent de s’écouler, je ne savourerais pas de la même manière les dernières gouttes de rosé (du cubis, pas la rosée du matin hein). Je n’aurais pas la même urgence à ne pas me presser. Je prendrais moins de plaisir à en prendre à tout. Du café du matin au ciel étoilé du soir, je n’aurais pas la même excitation si je ne savais pas que c’était la fin d’un truc. D’un truc génial qui plus est.
Mais c’est comme ça. J’veux pas rentrer.

Alors je fais semblant d’être là pour toujours, avec tous ces souvenirs de vacances qui collent à mes coups de soleil. Je prolonge artificiellement les minutes, comme si la crème solaire allait tenir jusqu’à l’été prochain.

J’veux pas rentrer, je n’ai jamais voulu rentrer, et c’est d’ailleurs peut-être pour ça que je suis si heureuse de vivre à Marseille. Ici règne un goût d’été éternel, et pour revenir à la maison, je dois prendre l’Autoroute du sud dans le bon sens.

Alors je vais rentrer, dimanche, mais pas vraiment. Je vais juste régler quelques trucs jusqu’à l’été 2022, un pied sur le Prado et l’autre dans la Méditerranée.

Les saisons s’enchaîneront comme des escales, on tamponnera nos passeports, et avec un peu de chance, on retrouvera l’été comme s’il ne s’était jamais éteint…

Et rien que pour voir ça, j’ai déjà hâte de rentrer.