
Mon été, tu es parti beaucoup trop loin. Hier encore j’avais les Converse qui collaient au goudron. La maison était ouverte et laissait tout passer. Depuis que tu t’es fait la malle, je mets des couvertures sur tout.
Janvier, tu vois, c’est blanc comme un linge qu’on n’oserait pas tâcher. Un mois vierge de nous, qu’on ose à peine froisser. On projette, on exige, on souhaite. On s’allonge et on se demande, sans trop bouger, si on arrivera à se mettre dans de beaux draps.
Janvier, c’est immobile comme le commencement d’un rêve. Ça n’est même pas le début d’une étreinte. C’est un soupçon de possible où les lendemains se font hypothèses et calculs.
Janvier, ce sont des listes et des courants d’air, des météos pas très sûres d’elles, des silences de réverbères tout-puissants.
Les cases de l’agenda ont des allures de préparatifs. Sous les plaids coupables, c’est l’innocence du printemps qui s’annonce.
Je ne lui fais pourtant pas de procès, à ce cher janvier. Passer en premier n’est jamais facile. Il lance le bal et avec un peu de chance, ça finira comme on l’avait espéré, sous des plafonds remplis de boules à facettes.
En attendant tu sais, j’ai le coeur en charentaises et je te guette mon été, toi cet amour impossible qui, depuis si longtemps, as pris toute la place.