Comme un lundi, j’ai peur de ne pas me lever. Le sol est trop froid et le café trop chaud, rien ne s’emboîte, l’histoire reste à écrire.
Comme un lundi, j’enchaîne les gestes maladroits et les erreurs matinales, je m’agace, je suis le plan comme Prévert déroule son Déjeuner du matin. Sans te parler, sans te regarder parfois, j’avance vers l’heure d’après.
Comme un lundi, je porte le poids d’un nouveau jour à bâtir, d’un weekend qui s’envole, d’une jeunesse qui s’oublie. Hier encore on dormait tard, dans nos dimanches si tranquilles. J’accuse le coup et surtout je maudis ce lundi, lui qui nous presse un peu.
Comme un lundi, j’ai les traits tirés et des plis partout. J’ai une mèche si rebelle que je serais tentée de l’allumer, juste pour voir ce que ça fait un lundi qui fanfaronne. Mais j’ai le courage d’un pétard mouillé, il reste encore cinq jours avant le weekend.
Comme un lundi, je suis à l’aube de moi-même et dans le crépuscule pour les autres, cachée tout au fond. Tout à l’heure le soleil passera au-dessus de la terre, mais il reste du temps, quelques secondes encore sous la couette.
Comme un lundi j’attends que ça passe, j’expire, je doute, et si je n’y allais pas…
Mais comme tous les lundis avec toi, j’y vais quand même. J’y vais, vers cette nouvelle page, ce mardi qui m’attend.
Comme tous les lundis avec toi, je finis par trouver belles toutes ces maladresses matinales, j’apprends à aimer les dimanches qui basculent.
Comme un lundi avec toi, j’accepte ma mèche rebelle et mes plis sous les yeux, parce que toi tu ne vois que les tiens et qu’à deux tout s’annule, qu’à force de plis plus personne n’est froissé.
Comme un lundi avec toi, je me permets un peu trop de mauvaise humeur parce que t’as de la patience à revendre, et que j’aime bien chiner tout ce qui vient de toi.
Comme un lundi avec toi, je me prépare à la suite, aux bonus de vie.
T’es mon mardi préféré, ce jour qui me donne envie de faire deux enfants, d’écrire encore, ou de s’endimancher ensemble, pour le meilleur et (même) pour le lundi.