La partition


J-je ne sais plus combien.
J’ai tout oublié. Il n’y a plus de date, plus d’emploi du temps. Le soleil ne semble plus se coucher, comme nous d’ailleurs.
On dort peu, et pourtant les nuits filent aussi vite que les jours.
James a quelques semaines seulement et on jurerait qu’il a changé depuis notre arrivée.
Les mini ados sont collés les uns aux autres. Arthur, le plus grand, a pris son premier rhum le soir de son anniversaire. Il se sent pousser des ailes. Sa voix est plus sûre, son allure se dessine. Il ne sait pas encore qu’il est beau. Il a tout son temps pour se découvrir.
Entre l’aîné des cousins et le cadet, il y a les autres qui valsent, jouent, rient comme nous jadis. Parfois l’un se sent incompris comme dans ce film de Comencini que l’on regardait enfants. « L’incompreso »… L’Italie, toujours, partout. Dans les peintures de mon père, dans l’architecture de la maison, dans nos playlists…
Il n’y a rien à comprendre finalement, je crois.
Il y a juste à laisser le temps filer comme se déroule le concerto 23 de Mozart. Juste à se dire qu’on oubliera peut-être les dates, mais que tout le reste restera en nous aussi longtemps que le soleil sera debout, tout là-haut, à éclairer nos têtes et nos souvenirs d’enfants aussi précieux que cette partition de génie.

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