Il vit sa meilleure vie.
Comme chaque année, il lui a fallu quelques jours pour sortir du tourbillon scolaire. Quelques grasses matinées pour prendre conscience que le jour qui arrive ne sera pas noté, jugé, comparé à ceux de ses camarades.

La première semaine, il s’inquiète encore un peu malgré tout. Quel sera le programme des deux prochains mois ? A-t-on rempli son emploi du temps à sa place ? Quelles seront les prochaines échéances ?

Puis il comprend enfin que la liberté, la vraie, s’offre à lui. L’horizon est dégagé. On discute doucement des vacances qui s’installent, on lui assure qu’il aura du temps pour lui, chez lui, avant de voguer vers d’autres aventures sans bulletin. Alors c’est un merveilleux spectacle.

Le petit garçon qui redoute les évaluations se sent invincible. Il s’installe à son bureau et là, il se retrouve enfin. Il écrit et dessine des BD et des romans qu’il a certainement mûris toute l’année sous sa chevelure blonde, mon Sacha. Il couche sur le papier ses rêves, son imaginaire, ses petites folies. Sans sentence, sans appréciation, sans angoisse.

Il vit sa meilleure vie face à ses pages blanches et loin des tableaux noirs.
Parce qu’il a cette chance merveilleuse de ne pas connaître l’ennui, je crois. Parce que c’est dans le charme secret des silences qu’il trouve son « invincible été », cette saison tant de fois écrite et dessinée qui prendra un jour toute la place.