
J’peux pas, j’ai 6 mars. Ce jour-là, j’peux pas grand-chose à part laisser passer le temps. Regarder ce qu’il y a eu de bien avant, guetter ce qu’il se passera de merveilleux après. Mais aujourd’hui rien d’autre.
J’ai 6 mars. Le cœur un peu vide ou trop plein, je ne saurais dire. Le regard figé sur cette photo magnifique qui revient chaque année. Toi qui rêve à je ne sais quoi, nous qui te cherchons dans tous ces jours où on t’avait là, juste à côté de nous.
Le 6 mars, c’est une journée de point final. Une phrase courte et brûlante qui nous stoppe, qui explose en plein vol. Un ciel d’hiver qui ne cherche même pas le printemps pour se délivrer.
J’ai 6 mars. Je t’ai toi au creux de tout. Toi dans le silence qui t’a enveloppé. Toi qui me parle pourtant encore un peu plus que les autres jours. Ton sourire en coin qui m’répond qu’à moitié, mais dont j’ai appris à me contenter. Un sourire fantôme c’est pas si mal. C’est nous qui avons existé un jour, c’est toi qui fais écho à mon bonheur.
J’ai 6 mars depuis onze ans. Avant j’avais 365 jours. Maintenant j’ai 6 mars puis le reste. 24 heures pour reprendre mon souffle et me dire qu’à partir de minuit, il faudra être heureux au moins 364 fois, sans plus jamais laisser passer le temps.