
Parmi mes moments préférés dans la vie, il y a ceux qu’on partage avec ma sœur quand l’équipe de France joue pour l’Euro ou la Coupe du monde… Nan mais attendez. Faut que je vous explique.
Ma soeur et moi, on est deux filles. Jusque-là vous aviez cru comprendre. Mais nan, attendez. C’est pas tout. On a grandi avec un père qui n’a jamais suivi un seul match de l’équipe de France. Un seul match de foot tout court en fait. Je crois que c’est le seul Français à avoir fait grimper l’audimat d’Arte en 1998 et 2018. Vous voyez le genre. Entre Kylian et Sénèque la question était vite répondue. On était prédestinées comme dirait Yolande dans Amélie Poulain. Des livres encore et encore, un esprit sain dans un corps gros.
Mais contre toute attente, on a pris le gras, l’huile d’olive et les blagues intellos de mon père, mais on a pris aussi le goût du foot de je ne sais qui. Nous, les filles de la famille.
On n’a jamais acté le truc. C’est venu comme ça. A chaque Coupe du monde et à chaque Euro, on fait taire mari et enfants et on échange des messages que même Pierrot le foot n’aurait pas l’audace d’écrire. On crie et on pleure comme si on était au Vélodrome un soir d’OM-PSG. On gueule contre l’arbitre, on boit des bières, on oublie la Comédie humaine et on se concentre sur la moulette de l’entraîneur allemand. Bref, on redéfinit les priorités.
Ce sont vraiment des moments chouettes. Surtout quand la France gagne et que l’Allemagne marque contre son camp. Là , je regrette juste un peu d’être à Marseille et elle à Rouen…
Mais comme dirait Sénèque, « La vie est une pièce de théâtre : ce qui compte, ce n’est pas qu’elle dure longtemps, mais qu’elle soit bien jouée. » Et comme Kylian, elle et moi, je crois qu’on la joue plutôt bien sur ce coup-là.
Vive la France, vive elle et moi, et vive le destin.