Il faisait 7 degrés, ressenti -10.

Il y avait des gens masqués partout et des enfants qui couraient comme pour faire semblant.
Le portail habituel était verrouillé, il a fallu faire le tour. Passer par la porte de derrière, sans faire de bruit, pour ne pas réveiller le virus.

Les horaires étaient modifiés, pour respecter le protocole. 1h de rugby au lieu de 2, c’est toujours ça à prendre.

Ils ont pris sa température, j’avais oublié de remplir le formulaire Covid, ils ont fait comme si ça ne comptait pas. Ils ont noté son nom et il a filé sur le terrain, comme s’il partait en zone libre. 5 minutes avant il avait la flemme d’y aller, mais dans sa course j’ai senti l’élan des grands jours, celui qu’on trouve pour rejoindre ses potes avant le grand soir.

Il a posé son masque et fait quelques placages, sans trop respecter les distances de sécurité. Il a pris quelques coups sous le soleil, il s’est roulé dans l’herbe fraîche, il a refilé le ballon ovale à des copains sans craindre de leur refiler autre chose.

Je l’ai récupéré avec le sourire, il a dit qu’il avait fait de son mieux. Son petit corps de 7 ans était réchauffé, ses joues étaient bien roses. Il avait des histoires à me raconter.

Je l’ai écouté et j’aurais voulu qu’il voit mon sourire, derrière ce masque, pour savoir à quel point j’étais fière de lui, de nous, de tout ce qu’on fait pour braver ces épreuves, ces portails fermés, ces pendules qui déconnent, ces thermomètres qui grimpent, malgré nos ressentis.

On est rentré se mettre au chaud, on a fait un feu, et notre maison ne nous a jamais paru si belle.