Un jour, j’irai à New York avec eux

Il y a quelques mois, mon grand frère, ma petite sœur et moi, on a décidé de partir en voyage tous les trois à New York. C’est parti comme ça, après quelques échanges entre nous trois… d’abord parce que c’était l’anniversaire d’Hortense, et que depuis toujours, elle rêve d’aller là-bas. Moi, j’ai eu la chance d’y vivre un an, je n’avais pas la même urgence. Guillaume, il y est allé plusieurs fois et il adore cette ville. Mais plus que tout, on a vu là l’occasion de se faire un truc inédit ensemble. Un petit bout de nous au bout du monde, loin de notre Normandie natale, plus proches de ce qu’on est aujourd’hui.

Depuis, en attendant juin 2020, on en a parlé quelques fois, et on en a rêvé mille nuits.
On a commencé à compter les jours, puis le corona est arrivé. Il a fallu se préparer à l’annulation, au report… bref, au deuil « temporaire » d’un moment qu’on attendait comme l’étoile qu’on pose avec empressement tout en haut du sapin.
On a géré la chose chacun à notre manière. Guillaume, lui, il a voulu y croire jusqu’au bout. Il est comme ça mon grand frère. La vie n’a pas toujours été clémente avec lui, mais il sait voir la lumière au bout du tunnel, et à force de se concentrer sur elle, il l’a fait briller, sans même le savoir. Alors il a tenu la flamme allumée jusqu’au bout, jusqu’à ces dernières heures où on s’est résigné à reporter l’aventure.

Hortense, elle n’est pas du genre à se laisser abattre. C’était son rêve à elle, et je sais qu’au fond de son lit, bien au chaud, elle avait envie d’y croire encore elle aussi. Mais elle s’était préparée à l’après malgré tout, avec le même enthousiasme et la même joie de vivre qu’elle aurait eus au moment d’embarquer le jour J. Elle a laissé passer les jours en les savourant quand même, parce que pour elle la vie en elle-même est un voyage, et que chaque kilomètre compte.

Moi, j’ai fait mon deuil grâce à eux. Parce que j’ai déjà vécu le deuil avec eux. Et pas n’importe lequel. Depuis plusieurs mois je guette le calendrier, soucieuse mais sereine. Parce que j’ai cette phrase en tête qui résonne chaque jour. Celle qu’Hortense avait prononcée quand on a perdu notre petit frère : « Je me dis que ça va vraiment être long avant de le retrouver. « 

Et elle avait raison, c’est long. Alors grâce à ces mots si justes, je me dis qu’il y a des deuils plus faciles que d’autres, et des délais beaucoup plus acceptables.
On pourra bien attendre encore quelques mois avant de la croquer, cette Grosse Pomme. Et quand on sera là-bas, qu’importe quand, je sais quelle joie on aura de se retrouver enfin, tous les trois, et même un peu plus qui sait, tous les quatre.

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