
C’est étrange cette manière qu’on a de croire que pleurer, c’est montrer qu’on est un peu moins fort…
Pleurer « au travail », parce que certaines choses ne sont plus tolérables : faiblesse.
Pleurer parce qu’on est fatigué : fragilité.
Pleurer parce qu’on est touché… par un film, une chanson, un mot : émotivité.
Pleurer parce qu’on a perdu quelqu’un : fêlure.
Ou pleurer parce qu’on a un truc en plus. Pas en moins. Mais ce truc qui vous fait comprendre un peu mieux la vie, qui vous fait lire entre les lignes, ailleurs… pleurer parce qu’on n’est plus dans ces années d’avant, celles où l’homme était un être invincible, et la femme une image dormante.
Pleurer parce qu’on vit dans les années 2000, celles où les hommes se sont rapprochés de nous ou essaient, et où, nous, les femmes, on cherche à ne pas s’éloigner de nous-mêmes davantage.
Être nous-mêmes avant d’être femmes, hommes, mères, pères, épouses ou époux, amantes, amants ou je ne sais quoi. Être nous simplement, et pleurer parce qu’un bobo, une égratignure, ou rien. Juste pleurer. Parfois.
Pleurer un peu plus souvent parce que l’hiver, la pluie, les hormones ou juste la littérature.
Tant de raisons de pleurer.
Pleurer pour être moins forts, moins fortes, ou juste un peu plus…. un peu plus solides d’avoir fait couler ces larmes qui nous mettent à nus, mais qui nous donnent ce « truc en plus ». Ce truc que j’ai depuis qu’il il est parti.
Ça paraît fou nan ? Un frère en moins, un truc en plus. Ce petit truc que je ne souhaite à personne et à tout le monde pourtant, ce microscopique sentiment qui vous guide et qui vous dit vas-y, pleure, tu sais qu’après la pluie le beau temps, après les larmes la vie, après… toujours « après », et pleurer pour qu’« après » existe vraiment… Ce truc en plus que tu crois voir dans le regard des autres au début, avant de comprendre que c’est en toi. Ça a toujours été là, au fond, et c’est sorti parce tu n’avais plus le choix.
Cette force d’être toi, de pleurer s’il le faut, de vivre comme il le faut. De vivre tout court.
De se réjouir de peu pour aimer beaucoup, jusqu’à ce que l’amour nous empare.