Hey Suzanne,

Ton prénom, tu sais, il sonne comme une chanson.
Il sent bon le Leonard Cohen et me donne envie de chanter les mots.

Je t’attendais, tu sais. Moi qui n’ai pas de fille, moi qui n’en attendais pas. C’est en marraine que je t’ai guettée, et te voilà enfin.

Hey Suzanne, t’as quelques mois dans ma vie et j’ai déjà tant de choses à te dire.

Sur ta maman, d’abord. Sur nos jours d’enfants ravis, sur nos nuits romanesques dans les ruelles adolescentes.
Sur cette amie de toujours, libre et douce comme ce regard qu’elle pose aujourd’hui sur toi. Elle l’a posé sur le monde avant toi, Suzanne. Elle a caressé la mappemonde de ses yeux d’enfant curieux, et avec elle on en a croqué des rêves.
Quelle ne fut pas l’esquisse de notre vie d’adulte… je te dirai ce dessin, Suzanne. Quand viendra l’heure, tends-moi le crayon qui te mènera jusqu’à ce que nous fûmes.

Hey Suzanne. Ce ne sera pas toujours facile. Il faudra que tu sois forte. Il faudra que tu sois toi.
Moi qui ne suis pas ta mère, je te porterai sur des ailes plus légères, et notre route sera belle, tu verras.

Tu verras, en prenant le temps, cette beauté qui se dévoile avec les jours qui tombent.

Hey Suzanne, parle-moi. Y’a un monde, là, en moi, qui t’écoute et t’attend. Y’a un monde, là, dehors, dingue et génial à la fois. Un peu comme les yeux de John Malkovich, Suzanne, tu verras.
On trouvera un sens à tout ça, sans tomber dans l’panneau.

Hey Suzanne, on va rire, tu sais. On va rire comme des femmes que l’on n’écoute pas, sans oublier de sourire comme des femmes que l’on regarde.
Il faut rire de la vie, Suzanne. Il faut rire de tout et pleurer contre les siens.
Je t’apprendrai à rire, tu verras. Et tu m’apprendras à ne pas oublier.

Hey Suzanne, prends bien le temps d’être une enfant avant d’être une femme, et en cela nous nous retrouverons toujours. Je t’attends doucement. Ne te presse pas.