Ça commence un dimanche de février. Dans l’appartement grisonnant, le silence remplit l’espace. L’hiver est là, les corps sont complices à sa douce mélancolie. Un canapé Chesterfield, une couverture qui plaide coupable, une heure du thé qui n’en finit pas. Quand le soleil perd l’appétit, le cœur cherche à se nourrir ailleurs. Je saisis ma tablette, enfin, en guise d’encrier. Je songe à cet « invincible été » qui n’attend que nous pour triompher. Je veux entrer dans sa résistance.
A bien y réfléchir, ça commence aussi un peu avant ce dimanche de rébellion. Ce jour sans date et sans nom, il y a quelques mois, durant lequel j’ai donné vie à l’esquisse de ce qui devra être mon premier roman. Je me souviens de ce plaisir retrouvé, de cet apaisement brûlant, lorsque, dans un élan inédit, j’ai enfin rendu concret ce rêve d’enfant.
Tiens, c’est sûrement là que ça commence en fait. Au point de non-retour qu’est le rêve d’un enfant…
Si on remonte jusque-là, alors, ça commence plutôt Avenue des sources. Dans la maison normande de mes premiers jours de vie, entre deux poupées de ma petite sœur, deux fous rires de mon petit frère, deux récits de mon grand frère, dix tendresses de ma mère, et cinq cents bouquins de mon père. Oui, c’est une certitude, c’est là que ma faim d’écrire a pris racine. Parmi ces protagonistes de toujours, et dans ce décor au nom parfait pour un début d’histoire de vie. Avenue des sources.
Je n’ai pas tout en mémoire. Je vois des livres un peu partout, des machines à écrire sur mes listes de cadeaux d’anniversaire, un intérêt particulier pour les cours de littérature, puis plus tard pour le professeur de littérature lui-même… bref, pas mal d’impasses et de sens interdits, mais aussi et surtout cette belle avenue aux allures de Route 66 que sera pour moi l’écriture.
Il n’est jamais trop tard pour revenir aux sources et les faire jaillir tel un trésor enfoui. Et c’est avec l’appétit d’un enfant surexcité que je veux vous mener doucement vers ma première réalisation littéraire, mon premier roman qui n’attend que vos papilles.
Mais avant ce coming out, je veux, à travers ce blog, tenter d’éveiller quelque chose en vous. Une curiosité peut-être, un sourire pourquoi pas, une faim quelconque – soyons fous!
Disons, ainsi, que ce premier post tiendra lieu d’apéritif, et que nous aurons trinqué ensemble à la faim plutôt qu’au début !
Bonne dégustation et à très bientôt,
Dorothée
Les dix tendresses de ta mère et les cent cinq bouquins de ton père : j’adore la formule si bien trouvée .
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